Khadija Boujanoui, ou la volonté comme fer de lance

Khadija Boujanoui est la directrice financière et du contrôle de gestion du groupe 2M (deuxième chaîne télévisée au Maroc). En plus de ce rôle, elle endosse celui de présidente du comité Parité et Diversité du groupe. Elle est également vice-présidente de la commission TPE-PME, GE-PME et auto-entrepreneur de la confédération générale des entreprises du Maroc. Bref, une panoplie de casquettes qui font de Khadija Boujanoui une femme qui nous impressionne.

Maroc

〰️

Maroc 〰️

Volonté et persévérance comme maître-mots

Khadija Boujanoui est née au Maroc dans un milieu très modeste. Très petite, elle a conscience que les études constituent son unique possibilité de changer sa condition et de gravir les échelons sociaux. 

Pur produit de l’école marocaine publique, Khadija Boujanoui s’évertue à être la meilleure étudiante pour bénéficier d’une bourse de l’Etat et être ainsi capable de poursuivre ses études secondaires à l’étranger. Elle y reçoit un enseignement de très grande qualité et c’est bel et bien l’école publique qui lui permet d’attraper l’ascenseur social.

C’est avec sa bourse en poche et sa détermination en tête, que Khadija Boujanoui convînt ses parents de laisser leur fille de 17 ans partir seule en France pour suivre des études de finances à Sophia-Antipolis.

Khadija Boujanoui fait preuve d’une persévérance incroyable dans la réussite de ces études : c’est la première fois qu’elle quitte le foyer familial et son Maroc natal. Khadija Boujanoui arrive en France avec très peu de moyens et c’est en travaillant qu’elle subvient à ses besoins, loue sa chambre universitaire tout en menant ses études avec brio.

Khadija Boujanoui tire cette force dans sa volonté de ne pas décevoir ses parents, de leur prouver qu’ils ont raison de lui faire confiance et surtout de lire la fierté dans les yeux de son père. Et puis, comme elle le dit : « Rien n’est difficile quand on met toute son énergie et sa volonté ».

Une carrière dans la finance

Après avoir décroché son diplôme, Khadija Boujanoui est employée en tant qu’analyste financière pour un groupe international à Monaco où elle se marie et où elle accouche de sa première fille. Combiner son travail et son rôle de maman devient difficile et l’appel du pays se fait ressentir. C’est ainsi que la petite famille décide de rentrer au Maroc.

Khadija Boujanoui travaille pour les directions financières de plusieurs entreprises, dans différents secteurs : de l’édition à la maison de production, en passant par le bâtiment.

Chez 2M, Khadija Boujanoui fait ses preuves et évolue rapidement. C’est en 2005, qu’elle devient la directrice financière et du contrôle de gestion du groupe 2M.

L’engagement de Khadija Boujanoui et de 2M

L’égalité femmes-hommes, et en particulier à l’écran et dans les médias, a toujours été un sujet important pour Khadija Boujanoui. Consciente du pouvoir des médias et des messages qu’ils portent, elle s’interroge très vite sur les clichés esthétiques qui passent de façon implicite et demeurent dans notre inconscient collectif. Les femmes sont bien présentes dans les médias mais elles le sont dans des rubriques qui leur sont destinées (cuisine, beauté, bébé, etc.) mais beaucoup plus rarement en posture d’expertes sur des sujets politiques, culturels ou sociaux.

Lorsque le comité parité/diversité de 2M est créé en 2013, c’est donc tout naturellement que Khadija Boujanoui en devient membre avant d’en devenir la présidente. Partant d’un constat alarmant selon lequel seulement 9% des intervenants dans les médias sont des femmes « expertes » (selon une étude de la Haute Autorité faite sur l’ensemble des médias marocains), le comité parité/diversité a pour but de mettre en place des actions concrètes pour lutter contre les clichés autour des femmes et pour accompagner le changement des mentalités au Maroc.

Avec une charte valorisation de l’image de la femme, le comité s’efforce à combattre les clichés, à augmenter la présence des expertes sur les écrans, à respecter une ligne éditoriale engagée, à créer passerelles avec les associations, à mettre en place du monitoring et de la comptabilisation des femmes à travers leur médias.

Ses conseils

« Dans la vie rien ne se fait sans encombre, surtout en tant que femme »

– Une femme avec un poste à responsabilité doit fournir plus d’efforts : « on arrive à arracher ses droits à force de travail, de revendication, de persévérance ».

– User de sa personnalité pour asseoir son autorité. Etre acceptée en tant que femme à la tête d’une direction, jamais facile pour une femme

– Observer sans jamais se braquer. Chaque entreprise à sa culture, son état d’esprit, qu’il faut comprendre pour s’y adapter.

– Déléguer mais contrôler : avec ses multiples casquettes, Khadija n’hésite pas à déléguer et c’est un choix qu’il faut assumer.

Précédent
Précédent

Nicole Bamukunde, le futur de l’hôtellerie rwandaise

Suivant
Suivant

Mounira Bouzid El Alami, un souffle nouveau pour les enfants de Tanger