Ghada Wali, designer un monde nouveau

Pionnière du design graphique en Egypte, Ghada Wali a récemment été classée par Forbes parmi les 30 jeunes designers les plus influents d’Europe. Elle est la première égyptienne à recevoir ce titre. Elle a aussi reçu deux awards d’Adobe Design ainsi que le prix de la Society of Typographic Art Chicago classant son œuvre « Let’s Play » (un dictionnaire arabe universel utilisant des LEGO) parmi les 100 œuvres les plus impactantes au monde.

Egypte

〰️

Egypte 〰️

« Graphic design can change the world »

Le design graphique est omniprésent : sur nos écrans de téléphone, d’ordinateur, dans la rue, dans les livres… ce qui fait de lui un puissant outil de communication. Et en particulier en Egypte où le design est devenu un catalyseur de changement depuis la révolution de 2011 où les égyptiens ont plus que jamais utilisé l’image pour exprimer leurs revendications : graffitis, posters, des logos, etc.

User de l’art pour créer de l’impact, c’est précisément l’objectif de Ghada Wali. Celle qui se dit « designer de nature » puise son inspiration dans l’humain : dans un regard, une émotion, un geste. Les œuvres de Ghada ne relèvent pas seulement d’intuitions mais aussi de nombreuses recherches et études. À titre d’exemple, pour son premier grand projet – le nouveau branding du Cirque National du Caire – Ghada a assisté à maintes représentations, passé de nombreuses heures à discuter avec chaque employé du cirque pour représenter au mieux les personnes qui incarnent ce cirque mythique (3ème plus grand cirque au monde dans les années 70). Chacune des œuvres de Ghada dissimule une histoire, une revendication faisant de son art un art puissant, authentique et sincère.

Rebranding Louxor

Célébrer la culture arabe à travers l’art

Ghada a vécu entre Abu Dhabi et le Caire et a donc été exposée à la diversité de la culture arabe dès son plus jeune âge. Diplômée de design graphique à la German University au Caire, Ghada a également étudié un an en Italie.

C’est pendant cette année en Italie que Ghada prend conscience de l’image dont souffre la culture arabe à l’international : terrorisme, islamisme radical, oppression des femmes, etc. Une véritable attaque à son identité. Il y a un manque crucial dans la promotion de la culture arabe et c’est cet héritage que Ghada a à cœur de célébrer à travers son art. 

En commençant par la richesse de la langue arabe : à travers son œuvre « Let’s Play », Ghada a réussi à créer un dictionnaire universel arabe en utilisant des LEGO. Cette œuvre a été classée parmi les 100 pièces de design graphique les plus impactantes au monde par la Society of Typographic Art de Chicago.

Ghada a aussi créé le branding des grandes villes égyptiennes, à l’instar de Louxor, en partenariat avec plusieurs institutions publiques ; œuvre que Ghada a présenté en personne au président égyptien. Dernièrement, elle a également désigné une édition limitée de canettes 7UP mettant en avant l’Egypte.

7up, Celebrating Egypt


Justement, qu’en est-il des femmes en Egypte ?

Ghada respire la liberté, un naturel qui s’avère difficile à porter en Egypte. « C’est un travail laborieux d’être une femme libre en Egypte », chaque petite chose de la vie relève du combat pour la femme égyptienne.

« Mon Egypte c’est l’Egypte des reines », celles des femmes battantes. Les femmes arabes ont l’habitude de vivre avec des freins au quotidien – et ce, quelle que soit leur classe sociale – mais cela les forge, les renforce. Les femmes arabes ont la singularité de mêler force et douceur selon Ghada.

En gagnant en visibilité sur la scène publique, Ghada a reçu de nombreux messages de support et d’amour mais elle doit aussi faire face aux critiques, portant davantage sur son image que sur son travail (notamment sur sa superbe chevelure frisée qu’elle avait fièrement arborée devant le président).

Cette reconnaissance publique est évidemment gratifiante mais c’est aussi une pression constante, une responsabilité : celle de garder ce même niveau de performance et de le surpasser.

Mais c’est avec optimisme que Ghada voit le futur de l’Egypte et des femmes en Egypte. De nombreux mouvements ont émergé de la révolution, de nombreuses institutions œuvrent pour le droit des femmes égyptiennes. La révolution n’est pas terminée, et si elle ne s’achèvera sûrement pas pour cette génération, la voie s’est ouverte pour la génération future.

Les conseils de Ghada

  • Mettre toute son énergie dans chaque opportunité qui se présente, quelle qu’elle soit. C’est ainsi que l’on fait ses preuves, que l’on apprend.

  • La persévérance et la constance de l’effort

  • Célébrer et revendiquer sa propre identité, faire en sorte que son travail soit sincère et passionné. Il faut être cohérent avec soi-même, avec ses valeurs et son identité

 
 
Précédent
Précédent

Heba Ali, accompagner l’entrepreneuriat égyptien

Suivant
Suivant

Mouna et Aya Abdel Raouf, porter l’héritage égyptien avec style