Sénégal : Le B.A.-BA

Dernière destination du périple africain de World of Women : le Sénégal ! Rendez-vous ici pour en apprendre plus sur le pays aux mille pirogues.

Sénégal

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Le Sénégal a fait partie d'empires et de royaumes prestigieux jusqu'au XV° siècle : l'empire du Ghana, Tukrur, du Mali, Jolof, Sine, Saloum, Fouta Toro... C'est au début du XVI° qu'une nouvelle page de l'histoire du pays s'est ouverte, avec l'arrivée des Portugais et le début de la colonisation : des comptoirs ont été construits tout au long de la côte sénégalaise, pour l'exploitation de l'or et le trafic d'esclaves. Longtemps, Anglais, Néerlandais, Portugais et Français se sont affrontés pour leur contrôle, notamment pour l'île de Gorée et Saint-Louis, dont la France obtiendra l'exploitation. Et c'est elle qui conservera le contrôle de la majorité des terres sénégalaises, avec la création de l'AOF (Afrique Occidentale Française) en 1885 dont le Sénégal fera partie. Ce sera en 1960 que le pays prendra son indépendance, avec comme premier président Léopold Sédar Senghor, poète de renommée mondiale et premier agrégé africain, anciennement député à l'Assemblée Nationale Française. Lui succéderont Abdou Diouf (pour 3 mandats) puis Abdoulaye Wade (pour 2 mandats) et enfin Macky Sall, ancien président de l'Assemblée Nationale et actuel président du Sénégal.

Politique

Priorité affichée par le président Macky Sall, la parité en politique laisse encore à désirer. Le gouvernement actuel compte 8 femmes ministres pour 24 hommes, nombre identique à celui du gouvernement précédent. On peut mentionner parmi elles Mariama Sarr, ministre de la fonction publique, Aïssatou Sophie Gladima, ministre des mines et de la géologie, ainsi que Zahra Iyane Thiam, ministre de la microfinance et de l’économie sociale ou Ndèye Tické Ndiaye Diop, ministre de l’économie numérique (également porte-parole du gouvernement). Mais aucune ne dispose d’un ministère régalien.

Mais le pays peut se targuer d’avoir féminisé certains postes à hautes responsabilités : le Sénégal a été gouverné à plusieurs reprises par une Première Ministre, comme Aminata Touré, qui a d’abord été Ministre de la Justice puis Première Ministre du Sénégal en 2013, 12 ans après Mame Madior Baye. Ou encore la mairie de Dakar, gouvernée par une femme, Soham El Wardini, depuis 2018.

Le Sénégal a signé la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard de femmes en 1980. En 2010, une loi sur la parité a été votée, garantissant un nombre égal de femmes et d’hommes au l’Assemblée Nationale. Elles comptent désormais pour 42% de l’hémicycle, ce qui propulse le Sénégal au 12° rang mondial en matière de représentativité des femmes à l’Assemblée Nationale, et au 3° du continent. Une loi rend également obligatoire la parité absolue homme-femme sur les listes électorales, sous peine de nullité.

 

Economie

Il existe une très forte culture entreprenariale chez les femmes au Sénégal. Elles représentent 31% de l’entreprenariat sénégalais, et sont surtout présentes dans les secteurs de la restauration, la coiffure et le commerce. A la racine de cette tendance, on peut mentionner les plans d’ajustement structurel des années 70, la crise et le chômage de masse, qui ont poussé beaucoup de femmes à entreprendre et à s’autonomiser en termes économiques. Cette redéfinition des rapports de force au sein des couples a mené à un certain changement de statut pour les femmes sénégalaises. Il faut cependant mentionner que c'est surtout l'économie informelle qui est l’apanage des femmes. Derrière de petits étals, elles vendent légumes, fruits, et autres produits alimentaires.

Dans les campagnes, l’accès à la terre est devenu un enjeu de taille pour permettre aux femmes de gagner leur indépendance économique : souvent, les femmes trouvent des arrangements au niveau local pour accéder à la terre, mais elles restent discriminées au regard de la Constitution. C’est pour cela que de plus en plus de groupes de femmes se constituent dans les régions pour former des coopératives qui leur permettent de s’assurer des revenus stables et réguliers. Ces formations sont devenues les piliers d’un système de production agricole, jusque là largement dominé par les hommes. C’est un premier pas vers la sécurité alimentaire.

 

Education

L’éducation constitue la deuxième privation (après le logement) pour les enfants au Sénégal selon l’Unicef. Les petites filles ont un traitement d’autant plus difficile : seules 15% des filles sont en mesure d’aller à l’école secondaire alors que la parité est atteinte au primaire. En effet, les petites filles, une fois terminée l’école élémentaire, sont envoyées par leurs familles dans les grandes villes afin de faire des travaux domestiques et devenir une source de revenus essentielle. Au final, ce sont seulement 6 femmes adultes pour 10 hommes qui savent lire.

La scolarisation des jeunes filles est donc une priorité pour le gouvernement et les institutions internationales : leurs travaux ont contribué à une réduction du taux d’analphabétisme féminin, ce qui à son tour a favorisé une hausse du taux de scolarisation des filles, passé de 35 à 52%.

L’éducation passe également par l’art : l’édition 2018 du Festival Films Femmes Afrique a eu pour thème principal l’éducation, avec pour mot d’ordre « l’éducation est une arme de combat massive ». Une éducation réussie à le pouvoir de favoriser le développement de citoyens autonomes capables de réflexion.

 

Sexualité

La polygamie existait déjà avant l’arrivée de l’islam au Sénégal, codifiée par une organisation sociale précise : l’homme devait garantir l’équité entre ses femmes. Les années 70 ont vu surgir une montée en puissance de l’anti-polygamie, appuyée par le président Léopold Sédar Senghor, marié à une française, qui a fait inscrire dans le Code de la famille la directive suivante : lors du premier mariage, l’homme doit déclarer, en concertation avec son épouse, s’il formera un couple monogame ou s’il pourra épouser d’autres femmes par la suite.

Des mouvements féministes se sont également constitués pour lutter contre la banalisation des viols et agressions sexuelles, liées par le slogan #Dafadoy (#çasuffit en wolof). Ces mobilisations ont été exacerbées par les assassinats répétés de jeunes sénégalaises suite à des tentatives de viol en 2019. Le viol, qui était jusqu’à novembre dernier un délit et non un crime, est désormais puni de 5 à 10 ans de prison au maximum.  

 

Culture

Le Sénégal est un pays pionnier en termes de mise en valeur de l’art national, avec comme point culminant le premier Festival mondial des Arts nègres en avril 1966. Quelques femmes sénégalaises ont réussi à s’imposer sur la scène nationale, notamment la peintre Younousse Seye, proche de Léopold Sédar Senghor : elle a fait partie de l’école de Dakar. Mais la présence féminine brille toujours par son absence dans les arts nouveaux tel que le cinéma, où seules quelques exceptions sont passées derrière la caméra, comme Safi Faye.

La nouvelle garde artistique féminine est cependant en cours de formation : Salimata Diop, pas même âgée de 30 ans, a pris la direction artistique de la foire Akaa (Also Known as Africa) à Paris, avec pour but de mettre en valeur l’art africain en dehors de ses frontières et de former les jeunes artistes sénégalais. Des jeunes artistes ont également pris à cœur de rentrer dans le monde artistique par une forme d’art proprement contestataire : le street art. On parle ici notamment de la première sénégalaise graffeuse Dieynaba Sidibé, alias Zeinixx. Dans un pays où le taux d’alphabétisation est faible, ce genre de manifestation artistique trouve une résonnance forte pour la population.

 
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